Mot du président et de la directrice générale

Planification de la main-d’œuvre : un exercice délicat

Publié le 9 janvier 2019 par François Paradis, président et Linda Vaillant, directrice générale

Le MSSS vient d’amorcer un exercice de planification de la main-d’œuvre en pharmacie d’établissement de santé, incluant notamment des travaux sur les effectifs pharmaciens et sur le rehaussement éventuel de la formation du personnel technique en pharmacie. Certains établissements sont visés par un comité stratégique mis en place par le MSSS dans le cadre des travaux. Ce comité sera appuyé par quelques chefs de département de pharmacie qui seront appelés à le conseiller.

Absence d’orientations ministérielles

Pour être optimal, il nous paraît essentiel qu’un tel exercice repose sur des données objectives et sur une démarche rigoureuse appuyée par une connaissance approfondie de l’ensemble des enjeux. Or, nous constatons que le MSSS a entrepris cet exercice alors que ses orientations en matière de soins et services pharmaceutiques demeurent à ce jour non publiées. Par conséquent, il apparaît difficile de planifier les effectifs requis en pharmacie alors que les besoins en soins et services pharmaceutiques ne sont pas clairement identifiés. L’absence de ratios permettant de déterminer la main-d’œuvre nécessaire pour assurer un usage optimal et sécuritaire de la pharmacothérapie complique également l’exercice.

Importance des travaux menés par l’A.P.E.S.

Dans ce contexte, les travaux menés par l’A.P.E.S. depuis près de trois ans, sur le rôle et la place du pharmacien d’établissement de santé dans la nouvelle configuration du réseau de la santé, revêtent toute leur importance. En effet, cet exercice approfondi, appuyé sur les résultats de recherches documentaires exhaustives et de consultations élargies, a permis d’établir de manière rigoureuse des balises pour l’élaboration d’offres de soins pharmaceutiques dans tous les départements de pharmacie. Il est donc fondamental que chaque département de pharmacie poursuive ses travaux sur le sujet afin d’offrir aux établissements un portrait juste des besoins des différentes clientèles.

Votre Association suivra évidemment de près l’évolution de cet exercice de planification de la main-d’œuvre. Nous sommes bien sûr disposés à collaborer avec le MSSS à l’ensemble de la démarche, forts de nos récents travaux en la matière. Il est clair que les résultats de cet exercice seront déterminants pour les années à venir. Pour que celui-ci soit couronné de succès, il devra reposer sur une vision globale des besoins des patients et non pas se traduire par un processus de nivellement vers le bas par lequel on ne ferait que répartir la pauvreté à travers le réseau. 

Le MSSS devra aussi s’engager résolument dans la mise en place de mesures incitatives pour le recrutement de pharmaciens dans les établissements de santé plutôt que de se tourner vers des solutions coercitives qui n’auraient comme résultat que de faire fuir une éventuelle relève. L’A.P.E.S. travaille depuis plusieurs années à attirer les étudiants en pharmacie vers la pratique en établissement de santé et les résultats commencent à se faire sentir. Il est donc crucial de ne pas mettre ces efforts en péril par des solutions à courte vue. Les solutions devront plutôt reposer sur des pratiques innovantes permettant d’offrir un accès équitable aux soins pharmaceutiques, et ce, partout sur le territoire québécois.

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