Mot du président et de la directrice générale

Usage optimal des médicaments en CHSLD : des besoins criants

Publié le 9 août 2017 par François Paradis, président et Linda Vaillant, directrice générale

En novembre dernier se tenait le Forum sur les meilleures pratiques en CHSLD organisé par le ministère de la Santé et des Services sociaux. À cette occasion, les PDG de l’ensemble des établissements de santé du Québec se sont engagés à ce que les soins et les services offerts aux résidents soient personnalisés et spécifiques afin de répondre à leurs besoins et préférences. Pour ce faire, ils se sont notamment engagés à ce que soient effectués régulièrement une révision et un bilan comparatif des médicaments et des ordonnances, tout en privilégiant des approches non pharmacologiques.

Dans la foulée des engagements pris au Forum, l’A.P.E.S. a voulu dresser un portrait sommaire des ressources professionnelles en pharmacie consacrées à la clientèle en CHSLD. À cet effet, un sondage transmis aux chefs de département de pharmacie nous a permis de constater qu’en moyenne, on consacrait au Québec environ 15 heures par semaine aux soins et services pharmaceutiques par 100 lits de soins de longue durée. Afin de pouvoir en faire une juste interprétation, ce résultat doit être mis en perspective.

Retour en arrière

En 1993, l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) recommandait qu’un pharmacien par 100 lits, soit l’équivalent de 35 heures par semaine, soit assigné à cette clientèle. Depuis, aucune autre recommandation ou norme à cet égard n’a été publiée par notre ordre professionnel.

En lieu et place, l’OPQ a plutôt misé sur la publication de standards de pratique à partir desquels elle se base pour évaluer la prestation des soins et services dans le cadre de l’inspection professionnelle. Dans ce contexte, comment peut-on déterminer les effectifs requis pour répondre aux exigences ministérielles et situer les résultats de notre sondage?

Qu’en est-il aujourd’hui?

Bien des choses ont changé depuis 1993 et deux constats s’imposent. D’une part, il est clair que la clientèle en CHSLD s’est considérablement alourdie et que les besoins reliés à l’usage optimal des médicaments chez ces patients se sont accrus de façon significative. 

D’autre part, on peut affirmer que les nouveaux standards de pratique édictés par OPQ sont beaucoup plus exigeants maintenant que ce qui était attendu il y a plus de 20 ans. Par conséquent, il est raisonnable de prétendre que la recommandation d’un pharmacien par 100 lits apparaît maintenant très conservatrice si l’on tient compte des considérations dont nous venons de faire état.

Un constat alarmant

Un constat se dégage donc clairement : le portrait de la situation actuelle laisse entrevoir une couverture de moins de la moitié de ce que l’OPQ recommandait il y a plus de 20 ans. Cela s’avère nettement insuffisant pour assurer les soins et services pharmaceutiques requis par nos personnes âgées en CHSLD et, par le fait même, pour être en mesure de répondre adéquatement aux engagements pris par les PDG. Les dirigeants du réseau de la santé doivent reconnaître que la révision des profils pharmacologiques et les interventions qui en découlent requièrent du temps et que par conséquent, il faut y investir les ressources nécessaires.

L’A.P.E.S. continuera de suivre attentivement et de documenter l’évolution des effectifs assignés à cette clientèle. À la suite du Forum de novembre dernier, le gouvernement a alloué des ressources supplémentaires pour l’ajout d’infirmières, d’infirmières auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires dans les CHSLD du Québec, reconnaissant ainsi les besoins criants en ce domaine. De la même façon, de nouveaux postes de pharmaciens doivent être ajoutés dans le réseau des CHSLD si l’on souhaite vraiment que les PDG puissent remplir leurs engagements en matière d’usage optimal des médicaments.

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