Mot du président et de la directrice générale

Soins pharmaceutiques en CHSLD : un besoin criant!

Publié le 14 août 2019 par François Paradis, président et Linda Vaillant, directrice générale

Il est bien connu que la polymédication est fréquente chez nos aînés en CHSLD. Récemment, l’A.P.E.S. a recensé, par l’intermédiaire de son Regroupement de pharmaciens experts (RPE) en gériatrie, une moyenne de 14 médicaments consommés par patient en CHSLD, dont 3 prescrits au besoin. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’il s’agit d’une population fragile, tant en ce qui concerne les effets secondaires provoqués par des médicaments qu’en raison des changements physiologiques chez ces patients qui réduisent, par exemple, l’élimination des médicaments et en augmente ainsi la toxicité. Il en découle que nous faisons face à un risque accru que ces personnes âgées consomment des médicaments potentiellement inappropriés et qu’elles subissent des effets indésirables, sans oublier des effets potentiellement négatifs sur la morbidité et la mortalité.

Force est d’admettre que la clientèle en CHSLD fait depuis longtemps figure de parent pauvre en termes de couverture en soins pharmaceutiques. Malgré les fusions d’établissements successives, d’abord en 2004 pour former les CSSS, puis en 2015 pour constituer les CISSS et les CIUSSS, les ressources en pharmacie dans le volet CHSLD ont souvent été davantage dédiées aux services de base reliés à la distribution des médicaments, reléguant les soins pharmaceutiques au second plan. Au fil des années, certains établissements avaient même confié la distribution des médicaments à des pharmacies privées, phénomène qui s’est heureusement résorbé depuis, les CISSS et les CIUSSS ayant rapatrié ces clientèles au sein des activités de leur département de pharmacie.

Deux projets portés par des pharmaciens établissements

De façon générale, on admet maintenant dans le réseau de la santé que les personnes âgées vivant en CHSLD doivent bénéficier elles aussi des soins pharmaceutiques requis par leur état. À cet égard, deux projets marquent la volonté des autorités ministérielles d’aller plus loin en ce sens. D’une part, il y a le projet OPUS-AP visant à évaluer la médication des patients ciblés et à réduire l’usage ou à déprescrire, dans la mesure du possible, des antipsychotiques.

D’autre part, le projet PEPS, mené au CIUSSS de la Capitale-Nationale, vise à ce que le pharmacien d’établissement prenne en charge la globalité de la pharmacothérapie des patients en CHSLD, de manière à optimiser l’usage des médicaments, réduire le nombre de principes actifs et améliorer la qualité de vie des patients. Dans un cas comme dans l’autre, les résultats préliminaires sont prometteurs et confirment la nécessité d’aller dans cette direction.

L’A.P.E.S. réclame davantage de pharmaciens en CHSLD

En fait, tous les aînés hébergés devraient bénéficier de révisions régulières de leur pharmacothérapie, soit au moment de leur admission en CHSLD et deux fois par année par la suite. Pour y arriver, les données expérientielles, recueillies notamment dans le cadre du projet PEPS, font état d’un besoin de 8 heures de soins par patient par année. Or, on estime à 4,8 heures par patient par année le temps actuellement consacré à ces activités par les pharmaciens dans le réseau des CHSLD. On peut expliquer ce constat par le fait qu’il n’y a pratiquement pas eu d’ajout de postes dédiés à cette clientèle au cours des dernières années.

Dans le contexte où les besoins des patients, notamment en CHSLD, ne cessent de croître, il devient impérieux de corriger le tir. Afin de combler ces besoins, particulièrement à l’égard de l’usage inapproprié des médicaments, il est essentiel de créer de nouveaux postes de pharmaciens dédiés aux CHSLD, comme ce fut le cas pour d’autres professionnels récemment. Considérant la rareté grandissante des effectifs médicaux en soins de longue durée, la présence de pharmaciens en nombre suffisant devient incontournable. Ce sont nos aînés qui en bénéficieront.

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