Besoin de pharmaciens en établissement de santé

Enquête sur les effectifs

En avril 2001, le groupe de planification de la main-d’oeuvre du MSSS publiait un rapport faisant état d’un écart croissant entre les besoins de main-d’oeuvre professionnelle en pharmacie d’établissement et les perspectives de recrutement sur 15 ans. Dès 2002, l’A.P.E.S. a commencé à réaliser des enquêtes sur les effectifs en pharmacie auprès de ses membres, afin de recueillir de l’information sur la pénurie déjà bien installée et ses conséquences sur les soins et les services pharmaceutiques.

Depuis 2006, la comparaison entre le nombre de postes de pharmacien sans titulaire ou temporairement dépourvus de titulaire et le nombre de postes autorisés au budget de chaque établissement de santé s’appuie sur une méthodologie objective et reproductible.

Au printemps 2021, les 40 chefs de département de pharmacie des établissements de santé du Québec ont été invités à remplir un questionnaire pour l’ensemble des installations de leur établissement. Ils ont reçu ce questionnaire par courriel.

Résultats 2021

Selon les résultats obtenus auprès de 37 répondants (taux de réponse de 92,5 %), le taux de pénurie de pharmaciens dans le réseau public s’élevait à 17,8 % au 1er avril 2021, comparativement à 18,7 % un an auparavant. Plus concrètement, sur un effectif autorisé total de 1577 pharmaciens en équivalents temps complet (ETC) au budget des établissements de santé, 280 ETC étaient manquants.

Aucune région n’est épargnée par la pénurie de pharmaciens. Toujours au 1er avril 2021, la moitié des régions ou 17 établissements sur 37 (46 %) devaient composer avec un sous-effectif global supérieur à la moyenne provinciale. Plus du quart (n=10) des départements de pharmacie affichaient un sous-effectif excédant 25 %.

D’ailleurs, 15 établissements sur 37 (41 %) ont eu recours à des pharmaciens dépanneurs pour un total de 6238 jours entre le 1er avril 2020 et le 1er avril 2021, ce qui équivaut à 27 ETC. Les besoins en dépannage ont varié considérablement d’un établissement à l’autre (entre 25 et 1331 jours), pour une moyenne de 416 jours. Parmi les établissements ayant fait appel à des pharmaciens dépanneurs, 60 % (n=9) ont requis leurs services pendant plus de 180 jours et cinq, situés dans cinq régions différentes, ont déclaré y avoir eu recours pour une période supérieure à la moyenne, soit entre 488 et 1331 jours.

En 2019, les résultats de l’enquête sur les effectifs traduisaient la difficulté des départements de pharmacie à affecter des pharmaciens dans les centres d’hébergement de soins de longue durée, afin de prodiguer des soins pharmaceutiques. À ce moment-là, 39 % (145 sur 372) des installations ayant une mission CHSLD dans les établissements de santé publics n’avaient pas de pharmacien d’établissement sur place. Alors que le gouvernement du Québec souhaite l’implantation d’un modèle de soins inspiré des approches OPUS-AP1 et PEPS2 dans tous les CHSLD publics, l’A.P.E.S. a voulu vérifier en 2021 combien de postes de pharmacien avaient été affectés à ce projet et combien parmi ceux-ci étaient directement financés. Au 1er avril 2021, 15,4 ETC avaient été affectés au projet OPUS-PEPS au sein des 27 établissements répondants admissibles au programme et seulement 44 % d’entre eux (6,8 ETC) étaient accompagnés d’un financement approprié.

En conclusion, plus de 20 ans après son constat, le déficit de pharmaciens dans les établissements de santé du Québec est loin d’être résolu.

1 Démarche d’Optimisation des pratiques, des usages, des soins et des services (OPUS) visant la déprescription d’antipsychotiques (AP) chez les résidents de CHSLD atteints de symptômes comportementaux et psychologiques de la démence (SPCD).

2 Projet d’évaluation de la personnalisation des soins (PEPS) médicaux, infirmiers et pharmaceutiques en CHSLD.


Résultats de l’enquête sur l’état des effectifs (2021)
Évolution du nombre de jours de dépannage en pharmacie d’établissement (2021)

Information complémentaire sur la pénurie de pharmaciens

×