Mot du président et de la directrice générale

Des mesures dites « temporaires »

Publié le 14 octobre 2020 par François Paradis, président, et Linda Vaillant, directrice générale

Le réseau de la santé québécois doit composer avec une pénurie de pharmaciens depuis de nombreuses années, et ce, dans l’ensemble des établissements de santé du Québec. Pour maintenir une prestation de soins et services pharmaceutiques adéquate, voire minimale dans certains cas, ceux-ci doivent parfois recourir à la main-d’œuvre indépendante et aux heures supplémentaires. Afin de soutenir le recrutement et la rétention de pharmaciens dans le réseau de la santé, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) et l’A.P.E.S. ont convenu depuis quelques années de la mise en place de différentes mesures temporaires.

Aujourd’hui, l’attitude du Secrétariat du Conseil du trésor (SCT) et du MSSS, qui refusent de prolonger les mesures pour la durée de la négociation comme ils y ont consenti pour les autres groupes de salariés, envoie un très mauvais message à notre groupe. Ce scénario cynique, que nous connaissons trop bien, doit cesser. D’une part, le gouvernement doit confirmer le maintien des mesures pour la durée de la négociation. D’autre part, après plus de dix ans, ces mesures ne doivent plus être considérées « temporaires ». En 2019, le comité paritaire MSSS-A.P.E.S. relatif à l’évaluation des mesures temporaires, prévu à notre Entente de travail 2015-2020, a unanimement reconnu la pertinence et l’efficacité des mesures et recommandé leur maintien. Le SCT et le MSSS doivent en prendre acte.

Rappelons que l’instauration de ces mesures a débuté en 2006. C’est à ce moment que furent introduites les primes de recrutement et de maintien en emploi ainsi que les forfaits d’installation. Suivirent, en 2009, la prime d’encadrement des résidents du 2e cycle universitaire en pharmacie et l’horaire de travail rehaussé de 64 à 80 heures par période de paie, assortis d’une prime incitative. Combinées, ces mesures ont pour effet de rendre concurrentielle la rémunération des pharmaciens du réseau de la santé par rapport à celle des pharmaciens à l’emploi des pharmacies privées. Elles contribuent ainsi à soutenir l’attraction de la relève et la rétention des effectifs en pharmacie d’établissement. L’allongement de la semaine de travail vise, par ailleurs, à accroître l’offre de soins et services pharmaceutiques dans le réseau de la santé, compte tenu de la pénurie importante de pharmaciens depuis le début des années 2000.

Ces mesures, dont certaines ont d’abord été introduites sous forme administrative, ont été intégrées à l’Entente de travail 2012-2015 des pharmaciens d’établissements de façon temporaire et reconduites à trois reprises. Or, elles totalisent de 20 à 48 % du salaire horaire sur les heures travaillées d’un pharmacien d’établissement. Il s’agit donc d’une part importante de leur rémunération. Que des dispositions s’appliquant aux pharmaciens d’établissements de santé depuis plus de dix ans soient encore considérées temporaires par le MSSS dépasse l’entendement. De plus, le caractère temporaire des mesures génère une précarité certaine pour les pharmaciens et nuit aux efforts d’attraction et de rétention de pharmaciens dans le réseau. Enfin, la rémunération des pharmaciens des établissements de santé doit refléter la valeur de leur expertise et de leur rôle notamment dans l’optimisation des thérapies médicamenteuses et la sécurité du circuit du médicament. Cette expertise s’est d’ailleurs exprimée de façon éloquente aux plans de la clinique et de la gestion dans les efforts de lutte contre la pandémie.

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