Mot du président et de la directrice générale

La pharmacie d'établissement sous la loupe du vérificateur général

Publié le 9 juillet 2014 par François Paradis, président Linda Vaillant, directrice générale

Le 11 juin dernier, le Vérificateur général du Québec (VGQ) déposait à l'Assemblée nationale son rapport annuel dont un chapitre est consacré aux médicaments et aux services pharmaceutiques. On y retrouve un certain nombre de constats et de recommandations qui touchent plusieurs secteurs de notre pratique, notamment le processus d'approvisionnement en médicaments, l'inscription des médicaments à la liste locale des établissements, le suivi de l'utilisation des médicaments, la gestion du circuit du médicament, l'offre de services pharmaceutiques optimale et la gestion des conflits d'intérêts.

En août 2013, dès le début du processus d'enquête, l'A.P.E.S. a rencontré des membres de l'équipe VGQ afin de partager notre perception de la situation de la pharmacie d'établissement au Québec et répondre à leurs questions sur les grands enjeux auxquels nous sommes confrontés. Nous avons ainsi pu offrir au Vérificateur général notre collaboration tout au long de sa démarche.

Le jour même de la publication du rapport, l'A.P.E.S. a émis un communiqué de presse en réaction aux principaux constats du VGQ. Force est d'admettre que plusieurs des lacunes mises en évidence ont un lien direct avec le manque chronique de pharmaciens dans le réseau public de santé. À cet égard, citons les retards dans l'implantation des bilans comparatifs des médicaments, les carences dans les activités visant à optimiser l'utilisation des médicaments, l'absence complète de pharmaciens dans les unités de soins de certains établissements et le recours fréquent à de la main-d'œuvre indépendante et aux heures supplémentaires, fragilisant ainsi l'offre de services. Ainsi, à plusieurs égards, le rapport du VGQ vient appuyer bon nombre des prises de position de notre Association.

Depuis la publication du rapport, plusieurs d'entre vous nous ont fait part de leurs interrogations par rapport à la gestion des conflits d'intérêts. Rappelons que le VGQ fait état de ristournes versées par l'industrie pharmaceutique à des départements de pharmacie, situation qui a d'ailleurs trouvé écho dans certains médias nationaux. Il est important de distinguer, comme le fait d'ailleurs le VGQ, le fait que les dons faits aux établissements de santé sont légaux. Toutefois, les ristournes qui constituent un rabais supplémentaire par rapport au prix obtenu par le groupe d'approvisionnement, doivent être mentionnées dans la soumission et servir à diminuer le coût des médicaments, sans quoi elles sont illégales. Ainsi, il importe de s'assurer que dans chacun des départements, les pratiques soient légales, clairement balisées et transparentes.

Bien que la levée de fonds soit légale pour un établissement de santé, il n'en demeure pas moins que les pratiques pour collecter et utiliser l'argent doivent être clairement balisées. Selon ce que le VGQ a observé, les sommes reçues par les départements de pharmacie ont été utilisées pour de la formation continue. Malgré cela, et bien que ces dons aient permis aux établissements d'économiser sur leurs dépenses de formation, les politiques en place doivent être claires de manière à protéger les pharmaciens, particulièrement les chefs de département.

La gestion des enjeux éthiques est une priorité pour l'A.P.E.S. C'est pourquoi notre colloque en gestion d'octobre prochain traitera notamment de ces questions éthiques afin que nous puissions par la suite émettre des recommandations pour vous guider sur la meilleure façon de transiger avec l'industrie pharmaceutique, notamment en matière de levée de fonds. Soucieux de donner l'exemple, le conseil d’administration de votre Association adoptera dans les prochaines semaines une politique dont l'objectif sera de baliser les liens de l'A.P.E.S. avec les partenaires de l'industrie pharmaceutique qui commanditent nos événements. Pour nous guider dans notre réflexion, nous avons d'ailleurs traité des questions éthiques avec M. Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organismes privés et publics (IGOPP), lors de la retraite annuelle du conseil d'administration en mai dernier.

La transparence doit prévaloir dans toutes nos activités et plus particulièrement dans la gestion des ressources financières et des fonds qui nous sont confiés. Il importe aussi de s'assurer que les chefs de département de pharmacie ne soient pas les seuls à assumer la gestion de ces sommes afin d'éviter que ceux-ci ne deviennent d'éventuels boucs émissaires. L'A.P.E.S. considère qu'il est de son devoir de prendre les moyens nécessaires afin de prévenir des situations qui pourraient placer ses membres en position de conflits d'intérêts réels ou apparents. Au fil des années, par leurs expertises et leurs compétences, les pharmaciens d'établissement se sont bâti une solide réputation qu'il faut protéger. Nous devons tout mettre en œuvre afin d'éviter que quelques gestes malheureux ne viennent entacher notre profession. Nous avons beaucoup trop à perdre.

En terminant, permettez-nous de vous souhaiter de profiter de la période estivale pour refaire le plein d'énergie.

Bon été !

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