Mot du président et de la directrice générale

Prise en charge de la pharmacothérapie chez les personnes âgées : une réflexion s'impose

Publié le 8 novembre 2016 par François Paradis, président et Linda Vaillant, directrice générale

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vient de mettre en œuvre une vaste démarche visant à améliorer l’organisation des soins et services offerts aux aînés du Québec, tant au niveau des CHSLD que des soins à domicile. Cet exercice vise l’implantation d’orientations ministérielles dans le réseau de la santé au cours de l’année 2017. 

C’est sous l’angle de la consultation des partenaires que l’A.P.E.S. a été invitée à y participer. L'Association a d’ailleurs déposé un document proposant des pistes de solutions quant aux soins pharmaceutiques

L’établissement de santé au fil du temps

La notion d’établissement de santé a beaucoup évolué au cours des 15 dernières années. Nous sommes passés d’une définition axée essentiellement sur le volet hospitalier des soins aigus pour lentement élargir cette définition en 2004 avec la création des CSSS, en intégrant la notion de réseaux locaux et de responsabilité populationnelle. 

En 2015, la création des CISSS et des CIUSSS (universitaires ou non) est venue à nouveau accroître le bassin de clientèle à desservir par les établissements de santé. Dans la foulée de ces transformations, le rôle du pharmacien d’établissement de santé est lui aussi appelé à se redéfinir, particulièrement en ce qui concerne les soins pharmaceutiques à offrir en CHSLD et à domicile.

L’usage optimal des médicaments : une priorité

Nous sommes tous familiers avec les problèmes reliés à la pharmacothérapie chez les personnes âgées : polypharmacie, cascades médicamenteuses et  effets indésirables ayant des impacts sur la qualité de vie. Ces conséquences ont un coût sur la qualité de vie de ces personnes, mais aussi sur les dépenses en santé de l’État québécois. L’usage optimal des médicaments chez les personnes âgées doit donc devenir une priorité dans le réseau de la santé. 

La réalité particulière des CHSLD et des soins à domicile

En CHSLD, des ressources dédiées spécifiquement aux soins pharmaceutiques doivent être allouées afin de répondre aux besoins des patients hébergés. Il faut ensuite mesurer l’incidence de ces pharmaciens sur l’usage optimal des médicaments, en matière de coûts directs et indirects et de qualité de vie des personnes âgées.

En plus des enjeux énumérés précédemment, s’ajoute l’objectif de mettre en place des mécanismes qui réduiront le nombre de visites à l’urgence et le nombre d’hospitalisations pour les patients soignés à domicile. À cet égard, en plus des personnes âgées, il faut prendre en considération aussi les patients atteints de maladies chroniques, de troubles psychiatriques et de cancer. 

Il est clair que le pharmacien d’établissement de santé ne peut pas et ne doit pas prodiguer l’ensemble des soins aux patients à domicile. Par contre, à cause de sa fine connaissance du réseau de la santé, le pharmacien d’établissement est le professionnel le mieux placé pour assurer la coordination des soins et services pharmaceutiques en première ligne. De plus, il faut souligner qu’il peut aussi jouer un rôle dans la prestation directe de soins lorsque la complexité de la pharmacothérapie requiert son intervention. 

L’A.P.E.S. propose donc que des ressources spécifiques soient allouées pour répondre à l’ensemble de ces besoins.

Implantation des meilleures pratiques et ajouts de ressources

L’A.P.E.S. salue la démarche entreprise par le MSSS pour améliorer les soins et services offerts aux aînés du Québec. Cette clientèle a trop longtemps fait figure de parent pauvre de notre réseau de la santé. Pour atteindre les objectifs fixés, des changements importants devront être apportés et l’implantation des meilleures pratiques devra être priorisée. Le mauvais usage des médicaments chez les personnes âgées entraîne des coûts humains et génère des dépenses importantes. 

La seule façon d’y remédier est de reconnaître que la situation actuelle n’est plus acceptable et d’investir dans l’ajout de ressources spécifiques afin que les pharmaciens d’établissements de santé puissent jouer pleinement leur rôle auprès de nos aînés.

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